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Sécurité des soins Analyse de risque
Publié le 28 mai 2021 Modifié le 6 juin 2023
Auteurs
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    Les experts Relyens
Temps de lecture : 5 minutes

Les outils du management des risques au service du GHT

Aujourd’hui, le management des risques est une discipline bien intégrée dans les établissements de santé. Déclaration et analyse des évènements indésirables graves, évaluation des pratiques professionnelles et procédures de certification sont désormais des activités familières pour la plupart des établissements et des professionnels. Le déploiement des GHT nécessite désormais de transposer ces pratiques et ces activités à une échelle différente.

Un outil au service du management des risques de la santé

Le document édité par la DGOS « Idées clés pour le projet de soins partagé », énonce les enjeux de la mise en place d’un management en continu de la qualité et de la sécurité des soins en GHT et d’une gestion des risques ambitieuse : « Il s’agit de créer des conditions permettant d’accroître les compétences individuelles et collectives, et pour atteindre cet objectif, d’impulser une pratique d’évaluation continue de la qualité. Ainsi, les organisations médico-soignantes participeront d’une démarche qualité permanente et partagée. »

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Sont ainsi énumérés les leviers indispensables pour une politique de management intégrée à l’échelle du groupement, à la fois en termes de pilotage, de gouvernance et de performance, et d’évaluation des pratiques et d’évaluation globale.

Les outils du management des risques, connus et mis en place dans les établissements depuis longtemps, trouvent une signification particulière à l’échelle du GHT : non seulement ils permettent de manière opérationnelle d’améliorer le service rendu au patient, mais ils constituent des outils d’approfondissement du projet médical partagé et de promotion de l’approche territoriale dans le management des risquesPréparer la certification commune V2020 aide également les GHT à travailler un niveau d’expertise optimal.

Analyses préliminaires à la gestion des risques

Tout d’abord, il importe de développer une gestion des risques notamment technologiques, organisationnels et de soins, via l’analyse préliminaire des risques ou la cartographie des risques :

Dr Cynthia GARIGNON
Médecin coordonnateur de la gestion des risques associés aux soins au Centre Hospitalier de Saint-Brieuc

« Dans chaque parcours de soins mis en place, la cellule qualité gestion des risques fait une cartographie des risques du parcours, pour voir quels sont tous les points de ruptures et de risques et mettre en place les éléments qui vont nous permettre de sécuriser le parcours. »

Cette première approche doit être complétée par une gestion des risques a posteriori : en renforçant la méthode « patient-traceur » et en déployant son analyse à l’échelle du groupement. En effet, lévaluation « patient-traceur » est aujourd’hui plébiscitée par les professionnels qui souhaitent anticiper au maximum les risques liés aux interfaces et aux parcours inter-établissements :

« Nous travaillons actuellement pour mettre en place un triptyque : le patient expert, le patient traceur et le patient gouvernant. On a déjà mis en place le patient traceur sur le CHIC de Quimper et nous souhaitons maintenant le déployer à l’ensemble du territoire. En prenant garde à ne pas chercher à unifier ou centraliser, mais au contraire en décentralisant, parce que plus on s’éloigne du lieu de l’acte, moins on gagne en pertinence. »

« Travailler avec la notion de patient-traceur au sein des filières de soins permet d’identifier les risques et de voir comment faire pour que les parcours soient les plus fluides et les plus sécurisés possible. »

« L’évaluation patient-traceur nous permet de mesurer la transmission d’informations, mais aussi le ressenti patient. Cela nous permet également d’harmoniser les pratiques, notamment paramédicales, dans la prise en charge de la douleur, la gestion des sorties, de voir des protocoles qui ne sont pas les mêmes. »

Autre exemple, celui du GHT Vaucluse, qui a fait le choix de travailler au déploiement d’un outil permettant la réalisation d’une revue morbi-mortalité (RMM) à l’échelle du GHT :

Jean-Noël JACQUES
Directeur du Centre Hospitalier d’Avignon

« La RMM nous permet d’analyser une problématique survenue pendant la prise en charge d’un patient lors de son parcours au sein du GHT et de s’interroger collectivement sur les bonnes pratiques, les protocoles à mettre en place, de comparer notre façon de travailler avec ce qui se fait ailleurs, afin de définir et de mettre en place des améliorations concrètes. »

L’importance des comités de retours d’expérience

Toujours dans une approche de gestion des risques a posteriori, pour prévenir l’apparition d’événements indésirables associés aux soins, le déploiement de l’analyse des événements indésirables graves (EIG) à l’échelle du GHT peut se révéler très pertinent. Les comités de retour d’expérience sont à cet égard essentiels pour construire une politique de gestion des risques à partir du terrain et diffusée à l’échelle du GHT :

« La mise en place d’un comité de retour d’expérience, multi-établissements, permet de mieux organiser la gradation des soins, notamment pour les malades chirurgicaux, en définissant des règles de transferts de patients claires et mieux acceptées. »

« C’est par l’analyse d’un cas concret, qu’on peut identifier les défaillances survenues et proposer des améliorations en termes d’informations, de prise en charge, de rapidité de la prise de décision, de partages d’information entre les équipes. Ce travail, il est très important de le mener à l’échelle du GHT, entre établissements, toujours autour des filières prioritaires du projet médical partagé. »

« L’intérêt du comité de retour d’expérience est avant tout de se recentrer sur le patient. On met autour de la table les acteurs concernés, on étudie la situation et on essaye de mettre en place un plan d’action. Globalement les gens y trouvent un intérêt et la démarche ou la solution trouvée pour un établissement est utile à tous les membres du GHT. »

Au sein des établissements qui le pratiquent régulièrement, le comité de retours d’expérience permet la diffusion d’une culture commune de la gestion du risque auprès de l’ensemble des équipes. Au préalable, cette démarche implique une pédagogie pour expliquer la philosophie et la finalité aux acteurs concernés.

Le comité de retours d’expérience est donc à la fois un très bon outil de gestion des risques, mais également un très bon outil pour construire des parcours de manière opérationnelle, en créant un espace de dialogue entre les équipes et permettant d’identifier conjointement où peuvent se trouver les difficultés des uns et des autres.

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